Thứ Tư, tháng 7 21, 2010

Se loger en ville: les quartiers résidentiels de Hanoi

En parlant de l’héritage urbain des mille ans de Hanoi, nous nous intéressons habituellement à la richesse de ses patrimoines culturels, religieux et architecturaux. Cependant nous pouvons parler aussi de la variété des quartiers résidentiels dont l’ensemble nous offre une image globale de « là où les hanoïens se logent ». Traditionnel ou moderne, d’origine ou rénové, original ou répandu, chaque quartier s’est formé en inscrivant dans sa structure et la facture de ses maisons une période historique de la ville. Ainsi, l’évolution dynamique et visible de la transformation des zones résidentielles pendant les dernières années est devenue un témoin vivant et direct des adaptations créatives des Hanoïens aux nouvelles conditions de vie que le Đổi Mới (Rénovation) leur a données.

La nhà mặt phố (maison sur rue) est actuellement le premier choix d’une large part des habitants de Hanoi grâce à sa rentabilité potentielle. Posséder une nhà mặt phố, revient à dire que l’économie familiale est toujours assurée malgré toutes les difficultés que le ménage propriétaire pourra rencontrer dans la vie. Là, on peut utiliser le rez-de-chaussée pour l’affecter à des activités commerciales: petit magasin, épicerie, pharmacie, petit restaurant, etc., ou de le louer afin de s’assurer un revenu mensuel permanent. Il est bien possible que grâce à cet avantage économique, les Hanoïens utilisent au mieux les ressources spatiales – très limitées le long des rues principales – par la construction des nhà ống, les maisons-tubes de deux ou trois étages en général (il est possible d’atteindre six étages dans quelques cas) se basant sur une parcelle de terrain d’une faible largeur d’environ trois-cinq mètres et d’une longueur de dix à quinze mètres. La maison est donc structurée et organisée verticalement pour toutes les activités familiales.

Les séries de maisons-tubes implantées côte à côte avec leur dynamique de couleur et de décorations sur leurs façades sont extrêmement visibles partout dans la capitale de Hanoi ainsi que dans les autres villes vietnamiennes, du centre ville à la banlieue, des grandes rues aux petites ruelles. Cependant pour savoir et observer directement l’origine de ce type d’habitation, il faut visiter le centre historique et touristique de la ville au nord du lac Hoàn Kiếm, où se trouve l’Ancien quartier (des 36 rues et corporations - 36 phố phường) de la ville. Avec une structure urbaine typique datée du 17e siècle, ce quartier nous offre l’ensemble urbain d’une ville marchande traditionnelle, où la maison avait été construite pour assurer plusieurs fonctions comme celles de production, vente, entreposage et, évidemment, habitation. Chaque rue, qui était aussi une corporation artisanale de familles exerçant un même métier et vendant directement ses produits chez elles, s’est densifiée progressivement par des maisons-tubes de très faible largeur (entre deux et quatre mètres à cause de taxes déterminées selon la largeur de façade pendant la période féodale) et de très longue profondeur variant de vingt jusqu’à soixante mètres. Ayant cette forme semblable à un tuyau de bambou, ces unités d’habitation se sont formées avec seulement le rez-de-chaussée ou bien un étage, en disposant d’une cour au milieu de la parcelle. Certaines de ces maisons sont assez bien préservées jusqu’à aujourd’hui. De plus, le passé marchand des anciennes corporations est clairement exprimé par le nom actuel des rues de ce quartier comme la rue Hàng Bạc (Marchandise de l’Argent), rue Hàng Đào (de la Soie), rue Hàng Mã (du Papier Votif), Hàng Đường (du Sucre), etc., dans lesquelles il reste certains ménages qui fabriquent encore des produits de spécialités familiales.

D’autres maisons sur rues – mais totalement différentes des maisons-tubes –, ce sont des villas édifiées dans la concession française durant la période coloniale au début du 20e siècle. Ces villas sont construites selon l’architecture française de cette époque en l’adaptant aux conditions climatiques vietnamiennes. En général, une telle unité comprend un grand bâtiment, dont la façade excède les quinze mètres, ayant des murs jaunes et des volets verts, et qui est entouré d’un jardin privé où des pièces annexes et le logement des domestiques sont bâtis séparément au fond du terrain. Ces villas ont été construites pour les Français ou les fonctionnaires coloniaux de cette période.

Après l’occupation officielle de Hanoi par le Việt Minh en 1954, plusieurs maisons traditionnelles de l’Ancien quartier ainsi que beaucoup des villas françaises sont devenues des biens immobiliers contrôlés par l’autorité urbaine hanoïenne et le gouvernement vietnamien. Suivant les principes communistes, ces derniers ont divisé ces habitations en plusieurs parties pour les distribuer aux différentes familles de fonctionnaires ou de militaires qui servaient la révolution et le régime du Nord Viêt Nam. De plus, les familles s’accroissent après quelques générations, la conséquence est qu’actuellement chaque unité d’habitation s’est transformée en un lieu d’habitation surpeuplé (50 à 70 personnes peuvent habiter ensemble dans une parcelle originaire). En effet, les espaces vides dans les anciennes parcelles comme la cour dans la maison-tube ou le jardin dans la villa ont été mobilisés et construits en espace habitable. À Hanoi, pour satisfaire le besoin minimum –se loger–, les citadins doivent sacrifier l’espace extérieur malgré son rôle important.

Malgré leur présence répandue dans la ville entière, les maisons sur rues, y compris les maisons-tubes et villas partagées, n’étaient pas le rêve résidentiel des hanoïens pendant la période 1954-1986 (période du régime socialiste au Nord du Viêt Nam avant l’introduction de la politique Đổi Mới). La meilleure offre de logement pour une famille de cette époque était évidemment un appartement distribué par l’Etat dans les khu tập thể, les immeubles collectifs qui sont bâtis sous forme de longues barres ayant trois ou quatre étages. Pour répondre aux besoins de logement des cadres et des travailleurs dans le secteur public et étatique, de nombreux khu tập thể comme ceux de Nguyễn Công Trứ, Kim Liên, Trung Tự, Văn Chương, Tân Mai, etc. ont été construits avec une superficie habitable très réduite variant de deux à six mètres carrés par personne. Confrontés à ces difficiles conditions de vie, pendant les première années de la décennie 90, dans tous les khu tập thể les habitants ont essayé d’augmenter leur espace vital : soit, pour les ménages du rez-de-chaussée, par une extension de leur logement en gagnant sur les terrains communes; soit, pour les propriétaires en étages, par la formation de chuồng cọp (« cage à tigre ») – une chambre ou un balcon grillagé, excroissances avancées en encorbellement sur la façade du bâtiment. Ces efforts créatifs, qui peuvent doubler la surface habitable du ménage, nous donnent une image qu’on ne trouve qu’à Hanoi d’une adaptation architecturale désordonnée mais logique et habile des citadins dans une ville en transition.

À partir des dernières années du 20e siècle, l’urbanisation rapide de Hanoi est aussi caractérisée par l’apparition parallèle dans les zones périphériques de khu đô thị mới (nouveau quartier urbain) et de zones urbanisées à partir des villages agricoles. Les nouveaux quartiers urbains sont aménagés et construits de façon moderne avec de hauts immeubles de dix à vingt-cinq étages constitués de plusieurs appartements assez vastes (60 à 120 m2) qui attirent particulièrement des ménages disposant d’une épargne conséquente. En même temps, les villages agricoles autour de la ville sont entrés dans la partie intra-muros et se sont densifiés spontanément. Dans ces villages urbains, il reste encore quelques maisons rurales traditionnelles mêlées à un grand nombre de nouvelles maisons-tubes urbaines. Ces deux nouveaux types résidentiels, se retrouvent parfois côte à côte, offrant une image contradictoire mais très vivante de la croissance urbaine de Hanoi. La ville se transforme, ses habitants s’adaptent.

Thứ Năm, tháng 7 08, 2010

Rythme de rue, rythme de vie hanoienne

Hanoi est une ville unique où la vie quotidienne s’affiche clairement dans ses rues et ses ruelles. Marcher dans ces dernières nous offrira des images foisonnantes d’une capitale dynamique mais paisible, statique mais énergique ainsi que des moments inoubliables tels qu’on peut les vivre dans cette ville émergente. La vie est là, très proche, observable, voire touchable et toujours accueillante.

La part majoritaire des motocycles dans les déplacements urbains de Hanoi est évidemment une des plus fortes impressions pour tous les visiteurs. Représentant actuellement environ 80% des déplacements urbains d’une métropole de plus 3 millions habitants, les motocycles sont devenus l’image la plus visible de Hanoi comme des autres grandes villes vietnamiennes depuis les années 1990s. Rapide, pratique, pas cher, les motos resteront le premier choix des citadins dans les années qui viennent quand le réseau de métro est toujours sous la forme d’un projet et que la voiture est encore un rêve. Pour connaître les sensations sur une moto dans les conditions exceptionnelles du trafic urbain, vous pouvez demander à un conducteur de xe ôm (mototaxi) trouvé à tous les coins de rues de vous amener dans quelques lieux dans la ville, touristiques ou non, en payant juste une somme modeste.

Ensuite, en pratiquant toutes les activités possibles – privées ou communes, commerce ou service, travail ou loisir, dans la journée ou bien dans la soirée – dans la rue et sur le trottoir, les Hanoïens aiment bien se montrer devant les autres. Des enfants aux personnes âgées, des hommes aux femmes, tout le monde peut faire la cuisine, manger, boire, se reposer, dormir, se couper les cheveux, se rencontrer, prendre un café, etc. sur les trottoirs qui sont en réalité l’espace de connexion de la société urbaine. Là vous pouvez gouter un plat populaire typiquement vietnamien dans un restaurant poussière (quán bụi) où on sert le phở traditionnel, des variétés de bún (vermicelle du riz), etc. Ou vous pouvez arrêter un des marchands ambulants rencontrés dans la rue pour manger des fruits tropicaux frais ou quelques autres spécialités vietnamiennes comme du tofu, de la compote liquide, etc. Manger sur la rue, ça sera vraiment une expérience du goût qu’on doit vivre pendant son séjour à Hanoi.

De plus, pour avoir des expériences personnelles comme un Hanoïen, rendez-vous soit dans un café de trottoir de la rue Triệu Việt Vương le matin ou bien à côté du lac Thiền Quang l’après-midi où on peut passer des heures tranquillement en regardant ce qui passe sur la rue ; ou bien encore, rendez-vous en tout moment de la journée sur une petite chaise d’un « thé poussière » où vous découvrirez que ce n’est pas seulement un débit de thé: c’est un forum populaire où on parle de tous les sujets, quotidiens, économiques ou bien politiques. L’après midi, après une journée de travail, faites comme tous les hommes de Hanoi qui se réunissent dans les bia hơi («bière de l’air») pour boire quelques verres ensemble, tandis que les plaisanteries fusent. Même dans la soirée, la ville est encore marquée dynamiquement avec vivacité par de nombreux jeunes qui sortent et font dans un flot de motos un tour de la ville. Il semble que la ville de Hanoi n’est tranquille qu’à partir de minuit jusqu’à 4-5 h du matin, quand les citadins se réveillent pour commencer une nouvelle journée.

Dans cette logique, la ville montre naturellement dans sa structure et sa dynamique tous les aspects de sa société transitionnelle devant ses visiteurs. Nous pouvons le constater facilement auprès de maisons-tubes combinées avec un magasin au rez-de-chaussée comme une image de l’économie urbaine ainsi qu’avec les marchands ambulants, plutôt des femmes, comme un paysage rural dans la ville. Toujours travailleuses, de l’aube jusqu’à la fin de la journée, ces marchandes ambulantes qui viennent des provinces autour de Hanoi sont une démonstration claire du lien rural-urbain dans la capitale du Việt Nam. Avec une lourde charge sur les épaules ou sur leur pauvre vélo, elles marchent ou pédalent ou poussent laborieusement leur bicyclette dans toute la ville, tournant à une ruelle qu’elles rencontrent par hasard sur leur trajet quotidien, invitant les clients potentiels à acheter leurs produits pour gagner une très modeste somme après une pleine journée de travail.

Une vie dynamique et attractive sur les rues principales n’est pas tout ce qu’on peut observer à Hanoi. Il nous reste aussi une ville calme trouvée dans les petites ruelles qui sont quasi partout dans la ville, là où les habitants ont une vie plus paisible et intime comme dans un village agricole traditionnel, mais aussi active en mêlant tâches familiales au quotidien sur ou autour des ruelles. En recevant la partie lente et sécurisante du déplacement urbain, l’espace de ruelles se transforme et joue un rôle similaire à celui des trottoirs dans les grandes rues, offrant un espace de sociabilité urbaine qui produit le sens communal ainsi que la mémoire personnelle de ses habitants comme l’exprime une chanson: «Petite ruelle, petite rue, ma maison est là; dans mon rêve, je m’en souviens souvent» (Lê Vinh – Hanoi et moi, chanson).